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L'Oudjat d'Horus
Vous l'aurez tous deviné bande de Pharaons Glabres, cet article sera placé sous la garde des Dieux de l'Égypte Ancienne. Je raconterai ma vie dans le prochain article, sachez juste que je passe en deuxième année de cinéma d'animation à Estienne avec 16 à mon animatique 3D, que j'ai p'têt trouvé un stage (mais que ça va être naze), que je suis triste de voir cette année se terminer et que je déteste voir des gens boire et fumer, ils se perdent dans les rires des autres et oublient qui ils sont, deviennt flou. Et toi qui es comme mon grand frère... que c'est triste.
Mais chuuuut, écoutez le cri du faucon bleu.
Grâce à Quantaing et Oupouaout, je me suis replongée avec délices dans les mythes égyptiens que je n'avais pas lu depuis au moins une dizaine d'année, pis j'ai retrouvé mon vieux compagnon, Horus, qui est si je puis dire, mon premier personnage officiel (hééé oui, il était là avant Viktor), si des potes du collège passent ici ils pourront témoigner.
Aussi pour vous faire patienter jusqu'au prochain article, je vous propose une réecriture du mythe d'Horus par lui-même ainsi que quelques illus pour rester dans l'ambiance et vous culturer un peu.
☥«Tonton Seth à toujours été un vrai salaud. Il pouvait pas encadrer mon père, Osiris, et le lui faisait bien sentir. Tout ça parce que son frère était le premier dieu à régner sur les deux pays d'Égypte. Ouais... bon... c'est certain qu'il restait un peu dans l'ombre le tonton, mais c'était tout de même pas une raison pour se comporter comme une vraie raclure.
☥'Man m'a raconté que Seth avait enfermé papa dans un sarcophage pour le jeter dans les eaux du Nil afin de le faire disparaître. Mais ma mère, Isis, n'avait pas spécialement envie de se retrouver veuve et elle se mit à la recherche du corps d'Osiris avec l'aide de sa soeur, Nephtys. Elle retrouva le corps mais avant d'avoir pu le serrer dans ses bras, tonton s'en empara et le découpa en quatorze (non pas Seth mais bien Quatorze) morceaux qu'il éparpilla sur la Terre. N'empêche que quand il est furax mon oncle, il fait pas les choses à moitié... Isis partit une fois de plus à la recherche de son défunt mari, et à chaque fois qu'elle découvrait un morceau du corps, elle bâtissait à son emplacement un temple doré en l'honneur de papa rien qu'avec la sueur de son front. Ma mère c'est pas une lopette.
Au bout de longues années, elle retrouva tout le corps - excepté un morceau... Quoi qu'il en soit, elle confectionna cette partie en glaise pour reconstituer tout le puzzle et demanda à Anubis (un bon pote de la famille) de réaliser la première momie, car pour garder tous les bouts ensemble il fallait bien les emmitoufler dans un paquet de bandelettes. Mais papa, en plus de ressembler à un dévidoir de papier essuie-main, était toujours mort, ce qui était fâcheux. Anubis, ce fils de chacal, assura qu'il avait le moyen de remédier à ce petit problème, il se transforma alors en milan, se coucha sur la poitrine de mon padre et battit des ailes avec force pour lui insuffler la vie. Rien que ça... Maman était bluffée, et papa un peu paumé. Anubis se frotta les pattes l'air de rien, comme si ranimer les cadavres était la chose la plus naturelle du monde. Cependant, même si ce cher Osiris était revenu à la vie, il devait à présent régner sur le royaume des morts. Il sombra dès lors dans une profonde déprime et devint accro au croquet.
☥Quelques mois plus tard j'étais là, moi, Horus. En voyant ma tronche à la naissance, mes parents se sont demandés si un gamin avec une tête de piaf pouvait bien être leur fils légitime ou si le membre en terre cuite de mon père y était pour quelque chose, mais comme il devenait urgent de trouver un héritier au trône, ils passèrent outre ce petit détail. Comme désormais papa ne pouvait remonter à sa guise de l'autre monde, c'est maman qui m'éleva seule dans les roseaux. Elle craignait qu'un gamin maigre à demi faucon souffre beaucoup à l'école et surtout, elle ne voulait pas que tonton me découvre (elle en avait un peu marre de courir après les morceaux de son homme). Moi, j'essayais de survive comme je le pouvais mais j'avais une poisse effroyable ; il a suffi d'une seule fois ou 'man était allée en ville afin de ramener quelque chose à bouffer pour qu'un énorme scorpion décide de me piquer de son dard mortel. J'vous raconte pas comme j'ai pu douiller. A son retour ma mère horrifiée me trouva allongé sur le sol, agité de spasmes et de tremblements. Elle téléphona à Thot en urgence, celui-ci se pointa une heure plus tard, en nage, une trousse à pharmacie sous l'aile. Ben heureusement qu'il était là l'zozio, sinon je ne serais plus ici pour en témoigner !
☥Le reste de mon enfance se déroula tranquillement sans autres incidents notables, je passais mes journées à apprendre les signes sacrés, un rouleau de papyrus posé sur mes genoux et j'avais même le droit d'aller au ciné et aux cours de métamorphose du mercredi aprèm pour me changer un peu les idées. Je devenais de plus en plus fort et de plus en plus malin. Une seule idée me trottait dans la tête : venger mon father de cet oncle stupide à cause duquel j'avais dû passer toute ma vie caché. S'ensuivirent alors d'innombrables passages au tribunal divin pour réclamer ce qui me revenait de droit : la couronne d'Égypte ! Mais tous ces dieux impotents restaient divisés. Je décidais au bout du compte de faire justice moi-même. Un jour, mon père remonta au royaume des vivants. J'étais tout ému, je voyais enfin ce père méconnu et mutilé dont on m'avait tant conté les malheurs, aussi je m'attendais à une accolade larmoyante, une partie de foot père-fils afin de rattraper le temps perdu mais certes pas à une énigme lancée sur le tas. «Quelle est la plus belle action de la vie d'un homme ?» demanda Osiris. J'avais bien envie de lui dire que c'était pas trop le moment, mais je ne voulais pas faire mauvaise impression pour notre première rencontre, aussi je lui rétorque en le regardant droit dans les yeux : «Venger son père et sa mère du mal». Papa arbora un grand sourire et me proposa de choisir un animal de compagnie entre un cheval et un lion. J'étais certain que 'man n'apprécierait pas beaucoup que je dorme avec un carnassier poilu dans mon lit, j'ai donc opté pour le cheval afin de pouvoir poursuivre Seth plus facilement à travers tout le pays. Rassuré par mes choix, papa retourna chez les macchabées sans ajouter un seul mot.
☥De mon coté, j'enfilais mes belles sandales neuves et me préparais à l'affrontement, arpentant l'Égypte avec mon destrier à la recherche de ceux qui étaient restés fidèles à mon père. Les années s'écoulèrent et mon armée devient plus grande, elle maniait l'arc et le boomerang avec une grande habilité. Quand un matin, Oupouaout se mit à aboyer comme un fou en courant dans tous les sens ; il avait retrouvé la trace de ce lâche de Seth et de ses propres compagnons... Hurlant à en perdre haleine, nous nous sommes rués sur ces mécréants dans le seul but de leur faire mordre la poussière. La bataille fut terrible, les alliés de mon oncle se métamorphosaient sans cesse en gazelles, en crocodiles, puis en serpents, tous des animaux impurs. Comme après des jours de combats sanglants, aucune armée n'arrivait à prendre le dessus, Seth vient me voir une cigarette coincée entre ses fines lèvres d'assassin et me dit «Hé le neveu, soit pas si morose, ça te tente de piquer une petite tête dans le lac que tu vois là-bas ? Le premier qui remonte prendre son souffle à la surface est un looser...». La moutarde me montait au nez. Dans un cri de rage j'acceptais son défi, et transformés tous deux en hippopotames, le concours commença. Ce que je ne savais pas c'est que ma mère rôdait dans le coin. Elle sabota l'épreuve car son instinct féminin (ou son petit doigt, je n'en sais rien) lui avait annoncé que tout cela se terminerait mal. Moi je dis, vive la confiance maternelle... En tout cas après s'coup, j'vous raconte pas le bordel qui s'ensuivit : tous les dieux du tribunal étaient furieux de voir 'man faire échouer notre épreuve, et à vrai dire tonton et moi-même lui en voulions aussi... (surtout que j'étais sur le point de gagner).
☥Pour calmer le jeu, Rê, patron cravateux de tous les dieux, organisa une grande fiesta divine, ce que tout le monde accepta avec joie, après tout, faire une petite pause dans ses rivalités ça ne peut pas faire de mal. J'dois avouer que j'avais pas mal picolé ce soir là, j'essayais sans relâche de draguer la belle Hathor avec ses si jolies z'oreilles de vache, mais elle se cachait de moi. J'avais la mine sombre et le bec dans l'eau, alors le doucereux Seth me proposa d'aller chez lui, d'abord on s'ferait une partie de senet puis on irait se coucher. Alcoolisé comme je l'étais, je ne me suis douté de rien, si j'avais su que mon oncle oserait me violer durant mon sommeil pour me coller la honte devant tout mes potes ! Plus jamais je n'accepterai de jouer au senet, ça non !! En tout cas, cet acte barbare avait outré les dieux et le débat reprit de plus belle, pourtant certains divins hésitaient encore, pensant que j'étais trop jeune pour reprendre le trône de papa, je t'en ficherais moi... Tandis qu'ils parlotaient entre eux, le combat monta en violence entre mon oncle et moi, je me suis rué sur lui pour lui arracher l'outil de son méfait de la veille, il poussa un terrible et lugubre cri de rage tandis que je lui ôtais tout espoir d'avoir son propre héritier, pour se venger il planta ses griffes dans mon œil gauche et l'arracha sans plus de façons. Je ne me souviens que de la douleur et du sang alors que j'entrevoyais à peine la silhouette de Thot se diriger vers moi. Ce cher ibis parvint par miracle à raccommoder mon globe oculaire et le nomma Oudjat ou «l'œil préservé». Moi qui me réjouissais d'avoir des yeux couleur soleil et de n'avoir jamais porté de lunettes, me voilà contraint d'exhiber à jamais ma prunelle de verre aux reflets lunaires.
☥On convoqua d'urgence un nouveau tribunal, mais mon cher oncle insista pour que ma mère ne puisse pas se joindre à nous afin de ne plus troubler la séance. Mais c'était sans compter la ténacité et la volonté de ma génitrice ! Elle se déguisa en vieille femme pour tromper le passeur, puis se transforma en créature de rêve (genre présentatrice météo avec doudounes et dents blanches) et s'amusait à passer l'air de rien sous le long pif de Seth qui, tout crétin qu'il était, tomba amoureux d'elle et, balbutiant dans sa barbe, fini même par lui avouer que j'étais bien l'héritier légitime de la couronne. Isis reprit son apparence première à la stupéfaction de tous. Même mon father se décida d'émerger une fois de plus du royaume des morts afin de régler la situation une bonne fois pour toute, il menaça même de couper les vivres à toute l'Égypte si on ne me laissait pas monter sur le trône qui me revenait de droit. Seth restait planté là, les bras ballants sans savoir quoi dire ou quoi faire, il se savait désormais perdu. A ma grande surprise, Rê, qui avait toujours apprécié mon oncle, décida de ne pas le condamner : «Que Seth me soit donné, pour qu'il vive avec moi et soit mon fils. Il tonnera dans le ciel, et il sera redouté». Bla, bla, bla... Non seulement ce foutu dieu du soleil avait fait de lui son protecteur, son allié qui l'aidait à combattre le monstrueux serpent Apophis en annonçant de son cri terrible l'arrivée de l'astre du jour, mais en plus on lui donna deux épouses. Je sais pas pour vous, mais moi je trouve qu'il s'en tire plutôt bien le tonton rouge... Mais m'en fiche, c'est moi qui suis devenu le premier pharaon de toute l'Égypte, et ça en jette grave.»
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