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⊰ Kikile & Grumpf ⊱
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26 janvier 2014

Iakov, des blouses, de la foudre et des yaourts bulgares

"Ils disent que je suis fou, maniaque, hyperactif, et bipolaire. Bipolaire !! Je suis simplement un peu lunatique !!! C'est le toc de tous les chercheurs, mais ils ne savent rien... Rien !"

- De la tendre jeunesse du docteur Iakov Howard Emmett Drobievski -

Dix. Il avait beau les recompter et les recompter encore, le chiffre était toujours le même. C'était triste à en mourir et cela ne l’avançait pas beaucoup dans ses réflexions. Howard Egginton "Drobievski" bailla, s'étira, claqua sa langue contre son palais et laissa pendre ses bras le long de ses flancs pour enfin s'arracher à la contemplation de ses orteils nus et roses. Ses yeux perçants se tournèrent vers la fenêtre et, à travers les carreaux fraîchement lavés par le concierge, il put apercevoir un firmament qui n'était pas aussi bleu que ses cheveux dont les boucles folles tombaient en cascade contre sa nuque. Quiconque l'examinait pouvait rapidement comprendre que le peigne n'était sans doute pas l'objet qui était le plus cher à son cœur, de même que le mot "normalité" ne faisait vraisemblablement pas partie de son vocabulaire usuel. Et si sa pilosité se révélait être phosphorescente en plus d’arborer une provocatrice couleur primaire, cette singularité capillaire -tant sur le plan esthétique que scientifique- n'était pourtant pas à l'origine de sa renommée à l'école.

St Wilson Walrus n'était pas institut laissant ses élèves faire des vagues et si le jeune Howard était remarquablement brillant, il n'était ni le chouchou des profs ni celui des autres étudiants car, des vagues, il en faisait beaucoup. C'est d'ailleurs pour ça qu'il se retrouvait une nouvelle fois en retenue et qu'il soupirait à en maltraiter ses poumons, contemplant depuis deux longues heures le plafond impeccable de sa prison temporaire à la recherche de l'inspiration. C'était quand même un peu fort, pensait-il, l'enfermer parce qu'il était en avance sur tout le monde ! Ce n'était pas sa faute si le laboratoire n'était ni insonorisé ni ignifugé ! Le dernier des imbéciles savait que science rimait avec prise de risque et si même ceux qui se vantaient d'être ses enseignants étaient trop couards pour l'essayer, il n'avait pas à payer pour eux, non mais sans blague !

La mine d'un crayon de bois passa sous l'un de ses (trop) longs ongles (beaucoup trop) sales pour le nettoyer grossièrement et le garçon expira de plus belle : si l'école ne l'aimait pas, lui l'adorait presque. Ici, il pouvait se moquer des professeurs pompeux et vieux jeu, se faire détester de toute forme de vie incapable de le comprendre et surtout... ne pas être chez lui. Il posa lentement son crayon en prenant soin de le positionner bien parallèlement à la bordure du pupitre puis il déploya ses jambes comme deux ressorts pour les reposer sur le plancher, à côté des petits souliers cirés qu'il rechignait tant à mettre. Il allait pourtant bien falloir sinon jamais son père ne voudrait le laisser rentrer, déjà qu'il avait manqué de le mettre à la porte quand... son regrettable accident pileux était arrivé... Sa mère était parvenue à calmer le jeu, mais depuis, il essayait de se montrer docile et "ordinaire" afin que son paternel ne passe pas ses nerfs sur lui ou pire, sur elle si elle s'interposait encore. Il serra les dents ; quand il aura décroché cette bourse d'études, les choses changerons !

La cloche chanta finalement la fin de sa pénitence. Avec un dégoût très affiché, l'adolescent empoigna ses chaussures et les enfila rapidement avant de se diriger vers la porte sous l’œillade assassine de son surveillant. L'homme avait renoncé à lui faire faire des travaux utilitaires lors de ses retenues, de peur de voir l'établissement réduit à l'état de cendres fumantes dans la minute suivante. Il se contentait donc de veiller à ce que cet énergumène ne fasse rien, ce qui était de toute façon la pire punition à lui donner. Avec un sourire mutin dévoilant une série de dents parfaitement blanches et alignées, l'ex-bagnard actionna la poignée et fila dans le couloir sans demander son reste, ses cheveux ondulants dans son sillage au rythme de son pas rapide.

Ravi de quitter cette salle oppressante, il soupira d'aise avant qu'une boule d'angoisse ne vienne se loger dans le creux de son ventre pour joyeusement nouer ses boyaux déjà maltraités par une alimentation douteuse. Cette sensation désagréable le prenait à chaque fois qu'il était l'heure de regagner ses pénates et seule une ingestion d'une dose de plus en plus grande de bicarbonate de sodium arrivait à le relaxer quelque peu. Jetant un regard derrière lui afin d'être certain que les couloirs étaient déserts, il fouilla dans la doublure de son uniforme gris-souris et tira un minuscule flacon dudit carbonate monosodique qu'il avala d'une traite tout en continuant d'avancer. Il déboucha dans la petite cours gothique dont les inégaux pavés de pierre sombre tordaient douloureusement ses semelles beaucoup trop rigides à son goût.

Les bâtiments de St Wilson étaient très anciens et leur beauté n'avait d'égale que l'austérité dévote qui en émanait. Pourtant, comme dans toute école catholique, peu d'étudiants l'étaient véritablement, Howard le premier. Mais si les autres passaient leur temps à fumer en cachette, s'échanger des photos de ces créatures mythiques qu'étaient les filles et se moquer de ceux plus laids ou plus faibles comme le faisait tous les jeunes hommes frustrés dans la fleur de l'âge, l'excentrique Egginton était plutôt de nature différente. La chair du sexe opposé l’indifférait de même que son existence toute entière, au même titre que les drogues, le sport, les pubs (l'alcool n'avait d’intérêt à ses yeux que s'il avait sa place dans une équation ou un composé), ou encore avoir des amis, une réputation positive et tout ce qui importait à tout être humain normalement constitué avoisinant les dix-sept ans.

Depuis sa fenêtre, le directeur fixait cette étrange silhouette surmontée d'une chevelure qui semblait un champignon atomique tiré d'un cartoon, et passa une main pensive dans sa barbe impeccablement taillée ; qu'allait-t-il bien pouvoir faire de lui ? Ce garçon était sans conteste un surdoué et n'avait pas sa place en ces murs, cela-dit, il ne pouvait se résoudre à le renvoyer malgré tous les ennuis que cet indiscipliné lui causait. Le vieil homme sentait qu'il avait un potentiel formidable et c'est pour cette raison qu'il concédait à lui laisser le laboratoire de l'école, et aussi il est vrai, parce que la manœuvre de celui-ci pour l'obtenir l'avait beaucoup amusé : le scientifique en herbe avait en effet monté un club de chimie pour obtenir l'autorisation d'occupation des locaux et s'était arrangé dès le premier jour pour que tous les autres membres le quittent afin d'en rester le seul et unique bénéficiaire. Nul ne pouvait être certain de ce qu'il s'était véritablement passé mais les vêtements roussis des ex-adhérents et leurs expressions choquées ou traumatisées suffisaient à faire comprendre que la démonstration avait été suffisamment convaincante pour les dissuader à vie.

Tout en se grattant nerveusement l'épaule, Howard passa la grande porte d'entrée, descendit les marches de l'escalier quatre à quatre et fit pivoter le portail en fer forgé pour déboucher sur la rue. Chester était une petite cité magnifique ; dans la rue principale et les ruelles adjacentes, on pouvait trouver de nombreuses maisons à colombages ou en encorbellements et toutes parfaitement entretenues bien que datant du XVIIe à la fin du XIXe siècle. Le jeune étudiant les adorait car flâner entre ces bâtisses durant le trajet était un réel plaisir. Son nez pointu levé vers leurs façades, il s'amusait à détailler les ornementations sculptées tout en planchant mentalement sur ses formules personnelles ou une nouvelle idée si saugrenue qu'elle pourrait enfin présenter un véritable défi à relever.

Les touristes et les locaux formaient une foule hétéroclite de badauds à laquelle il offrait un sourire, plus par provocation que par réel amusement. Les habitués l'ignoraient et ceux qui étaient ici pour découvrir la ville lui jetaient un regard oblique, limite apeuré avant de continuer leur chemin ou entrer prestement dans une boutique de souvenirs pour éviter tout contact avec cet étrange individu. Le seul à toujours lui rendre son sourire était ce gentleman avec l'attaché-case en cuir brun ; certainement que la vision de cette incroyable perruque céruléenne égayait son quotidien désaturé.

Il n'avait pas beaucoup de chemin à faire ; sa maison, une belle petite villa britannique, se trouvait six rues plus loin, toute de briques rouges vêtue et entourée d'un charmant jardin soigneusement entretenu bordé d'euphorbes touffus, de jolis lupins de russel et de pervenches tout juste en train de fleurir. L'index curieux du jeune homme caressa quelques boutons violacés avant de se poser sur le bois vernis de la porte d'entrée. Fichue colle... à cette heure son père devait déjà être rentré...

Pour unique réponse, une gifle vient à la rencontre de la joue du retardataire. Les bajoues frémissantes, les ailes du nez livides, les bras croisés sur son torse et lui lançant un regard qui dispensait de toute explication quant à ce qu'il pensait, son procréateur le jaugeait. Derrière lui, le garçon pouvait apercevoir le visage blême de sa chère mère ; elle tremblait de tous ses membres et serrait dans son poing un petit fichu humide qu'elle pressait parfois tout contre la bordure de son œil droit, affreusement bleui par une énième maltraitance. A ses côté, Andrew, son frère aîné qui avait conservé la chevelure rousse flamboyante typique de la famille, se tenait droit comme un "i" et lui lançait un regard navré comme s'il était responsable à lui seul de tout le mal de l'univers.

Howard expira profondément, tant pour évacuer la douleur lancinante que pour essayer de se calmer. Cette ordure avait récidivé une fois encore pour canaliser sa colère contre son indigne progéniture et ce dernier se sentait particulièrement coupable et amère. Il ne voulait pas attirer d'ennuis à sa génitrice, mais il ne pouvait s'empêcher d'être lui au quotidien, surtout pour quelque chose d'aussi injuste. Les pommettes en feu et le coin des paupières humide, il fila à l'étage, sachant pertinemment qu'il ne pouvait rien faire présentement sans risquer d'envenimer la situation. Il monta les escaliers du plus vite qu'il le pouvait sans se retourner un seule fois et referma la porte de sa chambre sur ce monde injuste, cruel, ennuyeux et si atrocement grossier.

______________________________________ † ______________________________________

Bon. Ce texte est inachevé mais je n'arrive pas à le finir. Il date d'une période un peu sombre où j'avais besoin de me raccrocher à mon univers et donc, pourquoi pas à ses origines, hein ? C'est dommage... j'aimais bien comment cela commençait mais... non, rien à faire je ne peux pas le poursuivre. Donc pour l'instant je le poste comme ça. On verra.

lab_shopping_by_kikile_zlovetch-d73ngjf

Sur une note plus joyeuse, voici un petit extrait de notre périple que je pourrais intituler "pogonophileries et autres expériences loufoques" datant du début du mois. Helly et moi-même avons essayé quantité de choses stupides, comme s'habiller en blouses blanches pour faire les courses dans un quartier craignos, visiter l'Asile St Anne où ce cher Iakov a fait une petite escale dans nos écrits, arpenter les célèbres Catacombes dans lesquelles nous n'avons malheureusement trouvé aucun sorcier stupide du G.A.F. mais plutôt quelques gardiens pressés de fermer ou encore cuisiner totalement bleu (cette image parle mieux qu'un long discours : ICI).

teslagrad_by_kikile_zlovetch-d72wh9n

 Un peu de Tesla dans ce monde de brutes, parce que la vie est plus belle avec de grands rayons électriques et lumineux. Plus sérieusement, voici un fanart du très bon indie game des studios Rains Games : "Teslagrad". C'est un petit jeu pas assez connu que je conseille vivement si vous aimez la pluie, les slaves, les puzzles et le magnétisme.

yoghurt_killer_by_kikile_zlovetch-d72lulm

 Pour conclure ce gros article (oui, ça faisait longtemps) un Viktor en chemise de nuit (OUI PARCE QUE LES CHEMISES DE NUIT POUR LES HOMMES, C'EST TROP COOOOOOOL) pratiquant l'une de ses activités favorites : la chasse au yaourt. Il faut savoir que, se faisant régulièrement voler ses desserts par Nathaniel, le slave est obligé de mener des expéditions nocturnes pour obtenir son laitage de la journée. Oui, la vie dans un manoir peut être difficile. Amen.

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Commentaires
K
> Helly : Hahaha, le lait, c'est trop puissant meuf !! C'est du pouvoir en brique !!<br /> <br /> <br /> <br /> > Kaelmn : Groupie :D C'est pour ça que tu viens poster un commentaire ? Haa bravo !!
K
> Helly : Ils indiquent un peu mal où la trouver (ils en parlent sur le site de leur studio : http://rain-games.com/ ), mais tu peux télécharger gratuitement une démo ici si tu veux l'essayer un peu : http://www.desura.com/games/teslagrad/download/4734 (c'est un site de jeux indépendants sérieux, et il suffit de s'inscrire pour pouvoir la télécharger).<br /> <br /> Si tu l'achètes, je te conseille très vivement la version "Humble" qu'on achète directement sur leur site (via le "Humble Widget") : ça te coûtera un peu moins cher, ils toucheront plus d'argent, tu auras une version DRM-Free et une clef steam en plus.<br /> <br /> C'est un jeu qui mérite vraiment d'être acheté moi je trouve :)
H
Nan mais c'est bon, je sais maintenant que le lait, c'est pour régénérer ses pouvoirs magiques !<br /> <br /> <br /> <br /> Tu m'as vraiment donné envie d'essayer Teslagrad, dès que mon compte en banque revient au vert (lol), j'pense sauter le pas !
K
> Chopper : Je suis mon propre chef, chef !
C
Fais comme tu le sens, c'est toi qui tient les rênes. ;)
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