Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
⊰ Kikile & Grumpf ⊱
Publicité
⊰ Kikile & Grumpf ⊱
Derniers commentaires
Albums Photos
Archives
Visiteurs
Depuis la création 159 368
29 octobre 2012

Ô, Doux ballet fuligineux !

Quand la plume m'ordonne. J'obéis.

la_spirale_lactescente
    L'air hagard et les yeux cernés par un flagrant manque de sommeil, le docteur Iakov Drobievski contemplait, non sans un certain plaisir, le curieux comportement de la casserole qu'il laissait délibérément noircir sur le feu. C'était la première fois qu'il s'installait de son plein gré à la table de la cuisine ; d'habitude, il restait cloîtré dans son laboratoire, sourd à toute idée saugrenue de vie commune. Mais ayant perdu toute confiance en lui suite aux précédents événements, il n'osait plus tenter la moindre expérience sérieuse. Aussi, regarder le lait bouillonner et s'agiter dans un nuage de fumée nauséabonde lui rappelait le doux ballet fuligineux de ses alambics et autres propipettes qui prenaient désormais la poussière.
    La porte pivota lentement sur ses gonds dans un léger grincement pour laisser apparaître un Viktor léthargique et les cheveux en bataille. Celui-ci lui se figea sur place en apercevant son ami qui fixait une casserole comme si son simple regard pouvait y mettre le feu (ce qui semblait d'ailleurs être le cas vu l'état du liquide énigmatique qui cristallisait sur les parois). Il lança un regard interrogatif auquel le scientifique répondit par un interminable soupir. Le jeune slave tira une chaise pour s’asseoir en face de lui :

- Ce n'est pas dans ton habitude de rrrester volontairrrement dans un lieu frrréquenté publiquement. Mais cela tombe plutôt bien, je voulais te parrrler parrrce je pense avoirrr découverrrt plusieurrrs choses à prrropos de nos prrrésents petits ennuis. Et toi, tu as du nouveau ?

- Je crois oui... je pense que je suis la clef...

- ...De nos prrroblèmes ? Ça ne fait aucun doute ! plaisanta Viktor.

- Tu ne crois pas si bien dire : je suis la clef des Éthers.

    La casserole continuait de danser sur les flammes turquoises tandis que toute la pièce se voilait d'une brume épaisse, mais aucun des deux hommes ne se leva. Le bulgare émit un grognement à peine dissimulé : il en avait par-dessus la chapska d'entendre de mauvaises nouvelles à chacun de ses petits déjeuner et se demandait combien de temps encore il allait pouvoir tenir sans briser sa promesse de ne plus toucher à une seule goutte de vodka. Il se racla la gorge et déclara d'une voix claire :

- C'est...c'est encorrre une de tes conclusions hâtives à la noix, bougonna-t-il. C'est impossible et tu le sais bien. Tu me l'as dit toi-même que L'Oetherrrium était un univerrrs trrrès ancien dont le souvenirrr s'était perrrdu au fil du temps. En quoi tu aurrrais un rrrôle à jouer dans cette histoirrre, mis à parrrt que c'est toi qui est allé cherrrcher ce maudit bouquin avant de l'ouvrrrirrr bêtement ici ?

    Iakov lui plaqua un doigt sur sa bouche pour le faire taire et fouilla activement dans une de ses innombrables poches intérieures. Le slave repoussa la main du docteur en lui lançant une œillade assassine quand ce dernier jeta négligemment une photo sur la table. Viktor la saisit doucement pour pouvoir la regarder de plus près, mais après quelques secondes, il fit la moue :

- Je ne vois pas en quoi ce cliché totalement vierrrge peut prrrouver quoi que ce soit. Je suis censé y comprrrendrrre quelque-chose ou tu ne sais simplement pas prrrendrrre une photo ?

- C'est... enfin...c'était...un portait de ma chère et tendre fleur. Je l'ai retrouvée ainsi hier soir alors qu'une forme indéfinissable tentait de s'en échapper. J'ai voulu attraper cette satanée créature pour tenter de la détruire...mais elle est allée se réfugier - probablement dans un autre de nos souvenirs - avant que je ne puisse la saisir, grinça-t-il entre ses dents.

    Il abaissa si violemment son poing sur la table que son compagnon sursauta.

- Holy Quetzalcóatl et damnée biotine ! Les Anciens savaient cela...C'est pour cela qu'ils ont scellé le passage entre notre univers et celui de ces êtres ! L'Oetherium est tout simplement en train de nous absorber dans sa soif de...«matière spirituelle». Mais le pire c'est qu'il court à sa perte ainsi qu'à la nôtre.

- Attends, attends, qu'entends-tu par «en trrrain de nous absorrrber» ? Ces abominations se nourrrrissent de nous ? Quelle bonne nouvelle ! Chic ! Je savais bien qu'on avait des ennuis, mais pas à ce point-là. Ce que je ne comprrrends pas, c'est pourrrquoi nous rrrestons là les brrras crrroisés à attendrrre la terrrrible fin de cette histoirrre, au lieu de tenter de fairrre quelque-chose de concrrret pourrr ne pas mourrrirrr. A moins qu'il ne soit déjà trrrop tarrrd ? Et dans ce cas-là je vais rrretourner me coucher pourrr prrrofiter de mon derrrnierrr dimanche...

- On ne peut pas s'en défaire si facilement, et je crains le pire quant à la suite des événements... Les entités qui y vivent ont besoin de nos pensées. N'oublie pas ; elles sont la matérialisation de la mémoire et des affections de tout ce qui est. Elles sont le poids de l'autre coté de la balance.

- Alorrrs...c'est...une sorrrte de...symbiose ? lança-t-il sur un ton hésitant. Mais... alorrrs...si elle est rrrompue, comme c'est le cas maintenant, l'un va absorrrber l'autrrre et se rrretrouver sans sourrrce de nourrrriturrre et donc disparaîtrrre aussi ?

- Exactement, tu n'es pas aussi bête que tu le laisses paraître, mon bon ami.

    Viktor enfonça profondément ses ongles dans le bois de la table pour ne pas commettre une action regrettable. Mais le savant fou ne lui prêta pas la moindre attention et continua l'air de rien :

- Nos deux mondes ne peuvent vivent l'un sans l'autre, l'un produisant l'énergie nutritive de l'autre tandis que ce dernier se charge d’emmagasiner tout le savoir que nous oublions peu à peu. C'est assez ironique en somme...car sans notre passé, sans notre âme émotionnelle, nous sommes perdus et il nous suffirait simplement de savoir comment les sauvegarder pour ne plus dépendre de l'Oetherium.

- Oui, tout cela c'est trrrès bien, mais encorrre une fois ; en quoi cela te concerrrne ?

- Hé bien...vois-tu, en tant qu'être sensible, amateur de lettres et de sciences je disposais d'ores et déjà de certaines prédispositions, mais plus que cela, c'est le plus grand déchirement de ma vie qui en est à l'origine. Je crois que j'ai cherché si fort une solution à mon désespoir qu'elle est apparut d'elle-même à mon humble personne.

- Je savais que tu avais une volonté de ferrr pour mener à bien tes prrrojets farrrfelus mais tout de même ! Qu'est ce que cela signifie ? Il fallait une cerrrtaine agglomérrration d'un cerrrtain type d’énerrrgie concentrrrée en une cerrrtaine perrrsonne pourrr pouvoirrr ouvrrrirrr cette fichue porrrte à nouveau ? J'ai tout de même un peu de peine à crrroirrre que tu puisses êtrrre LE morrrtel tout désigné pour cela, beaucoup d'autrrres ont soufferrt atrrrocement de la perrrte d'un êtrrre cherrr dans leurrr vie ou de je ne sais quelle autrrre injustice, tu n'es pas le seul !

    Iakov se pencha vers lui et approcha son visage tout près du sien pour lui murmurer d'un air mystérieux :

- Je ne suis pas tout à fait le seul en effet. Viens avec moi.

dans_l_escalier
    Il se leva en repoussant sa chaise d'un coup de rein et se dirigea nonchalamment vers la porte de la cuisine. Intrigué et totalement désappointé, Viktor lui emboîta le pas en éteignant au passage le gaz d'un geste machinal de sa baguette magique et le suivit jusque dans un petit couloir qui jouxtait le salon. Le scientifique s'arrêta net face à un immense tableau entièrement noir. Il croisa les bras dans son dos en se balançant d'avant en arrière sur ses pieds, avant d'articuler d'une voix de fausset :

- Tiens tiens ! Un tableau noir...que voilà un objet des plus singuliers. Qui a bien pu peindre une pareille toile ? Un esprit génial et totalement incompris que la page blanche torturait ? Un artiste fauché ou avare dont il manquait les autres couleurs ? Un illuminé qui avait entrevu les secrets de la mort qu'il a vainement tenté de décrire ? Ou bien tout simplement une ancienne peinture qui, comme toutes celles de cette demeure, commence à étrangement perdre son contenu ?

    Le jeune slave s'approcha tristement du cadre doré qu'il effleura de ses doigts avec douceur. Les autres œuvres que contenait le manoir étaient-elles toutes devenues ainsi ? Il n'était pas certain de savoir exactement ce que cela signifiait, mais ça n'augurait rien de bon, et savoir que Iakov Drobievski connaissait des choses que lui ignorait le mettait hors de lui. Il s'avança encore, hésitant, et posa avec appréhension sa main tremblante sur la toile.

- Pense à tes angoisses, Viktor. Pense à tes démons. Je savais exactement ce que tu étais venu me dire. Tous les membres de ce manoir ne se sont pas rencontrés par hasard ! Dès le commencement - et à notre insu - nous étions liés par une force ésotérique qui nous dépassait et qui, maintenant encore, nous dépasse largement : c'est la différence dans la douleur et le refus de s'y plier. La mort, la peur, le désespoir et la tristesse sont notre lot quotidien et pourtant nous avons tous décidé de ne pas nous y plier. Refuser la réalité, le monde qui nous est imposée, chercher à l'inverser ou la combattre de toutes nos forces, voilà notre point commun à tous, voilà ce qui a fragmenté le sceau de l'Oetherium et nous a intimement lié à lui. Cette volonté engendre des flux plus puissants, mon bon ami. Elle peut prendre le contrôle de notre esprit fragile et faire de nous des réceptacles aptes à faire le pont entre les univers. A ton avis, pourquoi les savants, les génies et les artistes sont tous les êtres les plus torturés et les plus fous ? La connaissance et le tourment sont indissociables car ils permettre de ressentir des émotions et ces émotions sont notre essence. Le savoir permet d'entrevoir la réalité, la vérité. Et la vérité n'est jamais agréable à apprendre, surtout quand on nous a menti toute notre vie sur le fonctionnement du monde et des hommes. Comprends-tu à présent ? Ceux qui luttent corps et âme contre l'ordre établi des choses sont les seuls pouvant percevoir des parcelles de l'Oetherium.

- Notrrre rrréunion insensée d'esprrrit torrrturrrés sous le même toit - alors que d'orrrdinairrre ils vivent si solitairrrement - a fait de ce lieu l'endrrroit rrrêvé pourrr perrrmettrrre aux entités de l'Oetherrrium de pénétrrrer à nouveau dans notrrre monde afin de s'en abrrreuver. Et toi tu le savais ! Tu l'avais deviné ! Tu savais depuis longtemps que nous pouvions te perrrmettre d'ouvrrrirrr les Étherrrs afin d'y voler toutes les connaissances !! Tu nous a utilisés pourrr ouvrrrirr le passage qui mène a ces choses !!

    Iakov caressait son bouc de poils phosphorescents, pensif. Un discret sourire teinté de folie se dessinait peu à peu sur ses lèvres entrouvertes.

- Oui...et non. Tu as raison sur tous les points, excepté un seul : je ne souhaitais pas ouvrir les Éthers. Je désirais simplement trouver le moyen d’accéder au savoir qui y était si jalousement emprisonné depuis des milliers d'années, à l'abri des hommes stupides et indignes de s'en servir. J'en avais besoin pour mettre au point le seul «élixir de vie» possible. Je ne voulais mettre personne en danger, je te le jure sur ma vie.

Viktor sentait son univers s'effondrer autour de lui. Même si, d'une certaine façon, ces révélations ne le surprenaient qu'à moitié, il ne se sentait néanmoins pas prêt à pouvoir les intégrer tout de suite à sa raison déjà tant maltraitée. C'était la réalité qui le frappait de plein fouet. Sa main, qui n'avait pas quitté la surface du défunt tableau, passa alors à travers la toile tandis qu'il poussait un hurlement d’effroi.

*****

    Entendre un cri de terreur était presque devenu chose courante en ces murs, surtout dernièrement, et pourtant Helly ne s'y était jamais véritablement habituée. Elle lâcha immédiatement son livre, sauta de son lit avec souplesse pour empoigner son colt 1911 et fila en courant vers l'escalier en priant pour qu'il ne soit pas trop tard.

*****

    Le jeune slave retira à grand peine son bras prisonnier de la toile abyssale qui tentait de l'engloutir, sous l’œil morne de Iakov qui ne remuait pas un cil. La peinture semblait prendre vie ; son épaisse croûte se gondolait comme pour tenter de s'extirper de l'armature de bois, et se faisant, elle se teintait d'aniline, de cinabre, d'ébène et d'écarlate dont les sillons sanguinolents se rassemblaient en de terrifiantes pupilles flamboyantes. A cet instant, un grondement sourd se fit entendre tandis que le plafond du corridor se déchirait pour laisser entrevoir une gigantesque spirale lactescente.

- Tu vois, murmura le docteur Drobievski, je ne suis pas le seul mortel désigné pour cette tâche.

Fin de l'épisode (...)

Youhouuuuu ! Un texte hyper long ! 10 points pour le premier qui le lit en entier sans faire de pause !

Nan plus sérieusement je commence vachement à développer cette histoire qui n'était au départ qu'un simple délire de quelques lignes. Et si quelqu'un a des commentaires à faire, sur n'importe quoi, l'histoire, le style, les illus, je ne suis pas contre ! (Sachant que c'est toujours de la grosse improvisation... haha.)

Sinon je ne passe pas que mon temps à écrire des pavés, je gribouille des fanarts de poneys et je recopine même avec ma tablette graphique. Oui, oui, j'ai même tenté le speed painting (d'ailleurs vous pouvez voir le WIP -ICI-, et j'suis pô trop mécontente pour un truc fait en moins de deux heures).

sexy_science this_again____speed_painting time_discorded 

Publicité
Publicité
Commentaires
_
La folie c'est la vie !
K
> Kiliene : En effet^^ mais c'est pas pire que le délire tapuscrit dans lequel je me suis lancée sans connaitre ni le début, ni la fin ! C'est bon d'être fou ! Owi !
K
et qui te dit que je ne suis pas déjà fou? petit indice mon histoire porte sur un homme passionné d'armes blanches qui se retrouve dans un monde très particulier ou la magie est le maître mot et ou il peut faire apparaître n'importe quoi par une simple pensée je te laisse imaginer le délire...
K
> Helly : L’hôpital qui s'moque de la charité XD
H
Des fous ? Mais non, nous sommes tous sains d'esprit !
Publicité